Ma famille

Couple et patrimoine - Je t'aime moi non plus

1636992475

En cas de séparation, un des époux peut être tenté de léser son conjoint. Si ce dernier peut se retrouver désavantagé, il peut difficilement être déshérité !

Rappel de quelques principes pour éviter les déconvenues

Quand on ne prend aucune disposition avant son décès en faisant un testament, c'est le Code civil qui donne "la marche à suivre" pour le règlement des successions. Il désigne alors l'ordre des héritiers. Quand on est marié, quel sort est alors réservé au conjoint survivant ? Si d'aventure on ne s'entendait plus, est-il possible de déshériter sa moitié ? Tout va dépendre de l'existence d'enfants ou non. Rappelons par ailleurs que le conjoint survivant (marié) dispose d'un droit de jouissance temporaire sur le logement de la famille et de ses meubles meublants, d'une durée d'un an à compter du décès. Ce droit est d'ordre public ; cela signifie qu'on ne peut y déroger. En revanche, concernant le droit viager au logement auquel a droit le conjoint jusqu'à son décès, il peut en être privé par testament authentique.
Attention aussi aux mauvaises surprises avec la donation entre époux ! En effet, un des deux époux peut à tout moment la révoquer de manière unilatérale et sans que l'autre en soit informé. Celui qui la révoque reste de son côté bénéficiaire de la donation au dernier vivant. On découvre généralement le "pot aux roses" dans le bureau de son notaire, au moment du règlement de la succession. Ambiance garantie !

Sans enfant : héritage systématique pour le conjoint

Depuis la loi du 3 décembre 2001, lorsque son conjoint décède et en l'absence d'enfant, le conjoint survivant est héritier réservataire. Il a donc droit, quoi qu'il arrive, à une part minimale de l'héritage du défunt. Même si le défunt avait manifesté une volonté contraire, lors de la rédaction de son testament, le conjoint survivant est certain de recevoir au moins un quart de la succession. Il ne peut être déshérité. Il pourra d'ailleurs prétendre à plus, en fonction de l'existence d'autres héritiers. Ainsi l'article 755-1 du Code civil prévoit que le partage du patrimoine devra s'effectuer de la manière suivante :

  • Le      conjoint survivant aura la moitié de la succession si les deux parents du      défunt sont vivants (ils reçoivent l'autre moitié),
  • Il      recevra les trois-quarts de la succession si un seul des deux parents est      en vie,
  • et il      héritera de l'intégralité du patrimoine si les deux parents du défunt sont      eux-mêmes décédés.

Avec enfant : le conjoint peut être mis à l'écart

En présence d'enfants vivants (communs ou issus d'un autre lit), la loi permet de déshériter le conjoint survivant. L'autre conjoint a alors toute latitude pour transmettre l'intégralité de ses biens aux enfants. Pour ce faire, ce dernier doit avoir précisé clairement cette disposition dans son testament (olographe ou authentique), sans être tenu de la justifier ou d'en avertir l'intéressé. Dans cette hypothèse, le conjoint n'est pas héritier réservataire. Seuls les enfants ont cette qualité. Le conjoint peut ainsi être écarté de la succession, même en l'absence de toute procédure de divorce en cours.
Pour ne pas compliquer les relations familiales au moment du décès, il est possible de minorer les droits légaux du conjoint survivant, sans le mettre complètement à l'écart, par exemple en lui octroyant seulement l'usufruit d'un ou plusieurs biens immobiliers. De quoi permettre, à son décès, aux enfants nus-propriétaires de récupérer les biens concernés sans payer de droits.

Attention au divorce en cours
Tant que le jugement de divorce n'est pas définitif, le régime matrimonial et ses conséquences sont applicables. Le conjoint conserve sa vocation à hériter.

Stéphanie Swiklinski

Dernière modification le 15/11/2021

Informations juridiques

  • 9061_1753368557561

    Acheter à plusieurs grâce à une SCI : mode d'emploi entre amis

    Investir ensemble dans un bien immobilier peut sembler une idée à la fois conviviale et rentable. Pourtant, sans cadre juridique clair, l'aventure peut rapidement tourner au casse-tête. C'est là que la société civile immobilière (SCI) prend tout son sens. Elle permet d'éviter les inconvénients de l'indivision tout en offrant une structure souple, adaptée à la vie en commun… et aux aléas de l'amitié.
    Lire la suite
  • 9060_1753368519743

    Local à louer : les pièges à éviter

    Louer un local commercial ne s'improvise pas. Derrière la signature d'un bail se cachent souvent des engagements lourds de conséquences. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, vous aide à y voir plus clair.
    Lire la suite
  • 9059_1753864091328

    L'acte authentique : la sécurité pour vos projets immobiliers et familiaux

    Véritable pilier de la sécurité juridique, l'acte authentique donne à vos engagements une valeur incontestable. Rédigé et signé par le notaire, il garantit la validité, la date et la force exécutoire des actes les plus importants de votre vie. Stéphanie Swiklinski, diplômée notaire, vous en dit plus.
    Lire la suite
  • 9058_1753368378300

    Indivision successorale : comment en sortir sans conflit ?

    Lorsqu'un bien immobilier est transmis à plusieurs héritiers, une indivision successorale s'installe automatiquement. Elle suppose que chacun détienne une quote-part du bien, sans division physique. Ce régime provisoire peut fonctionner… tant qu'aucune décision importante ne s'impose. Mais dès que l'un des indivisaires souhaite vendre, louer ou engager des travaux, l'unanimité devient indispensable. Et il suffit d'un refus pour que tout se bloque.
    Lire la suite
Mentions légales